
« Elle m’a regardée comme une personne » (sainte Bernadette de Lourdes )
Un modeste tract apposé sur un panneau sous le porche de l’église annonce le témoignage du Père Jean-Philippe Chauveau, prêtre de la Communauté saint-Jean, ainsi que la présentation de son dernier livre : « Qui leur jettera la première pierre ? »
Le Père Jean-Philippe possède un langage à l’image de sa vie – rude.
Direct, il relate, sans fard, son itinéraire : problème familial avec l’alcool, divorce des parents, placement à l’âge de 5 ans chez des « bonnes » sœurs, où le dressage fait office d’éducation. Il réintègre le domicile paternel où vit maintenant une nouvelle épouse mais le climat violent, le manque de tendresse, le dénigrement permanent, lui font préférer la rue et ses dangers. A 12 ans, il est violé par un homme rencontré au fil de ses errances.
Dénoncé par sa grand-mère paternelle qui approuvait tous les choix de son fils, Jean-Philippe est envoyé en maison de correction, pendant 2 ans, ce qui ne lui fait pas oublier son rêve de devenir danseur , mais le refus de son père qui crie au scandale, l’oriente vers un apprentissage pour devenir cuisinier. La vie familiale étant toujours trop lourde, il quitte la maison à l’âge de 17 ans et trouve un emploi chez Peugeot.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (psaume 21)


C’est là que Jean-Philippe rencontre son « premier vrai chrétien », qui témoigne réellement de ce en quoi il croit… La foi qu’il avait laissée de côté grandit en lui. Lors d’un pèlerinage à Lisieux, il vit une vraie rencontre avec Marie. Son regard abîmé sur et par les hommes avait besoin d’elle pour qu’il renoue avec Jésus.
Ayant surmonté avec l’aide d’encouragements divers tout ce qui l’entravait, il rejoint une communauté naissante « Venez et voyez » et est ordonné prêtre en1982 à Paray-le-Monial.
« Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée »
Sa première mission le conduit à accompagner des toxicomanes et il s’avoue parfois désemparé face à des situations hors normes. Puis il fonde l’Institution Saint-Jean Espérance à Pellevoisin en 1987, lieu d’accompagnement de jeunes, désireux de sortir de la drogue
Nommé Vicaire à la paroisse sainte Cécile à Boulogne-Billancourt, il rejoint « Aux captifs, la libération » association humanitaire au service des personnes de la rue et des personnes en situation de prostitution.

En 2016, il fonde la Maison fraternelle Magdalena et dans le cadre des « Tournées du Coeur » se rend, la nuit, avec des bénévoles et au volant d’un camping-car, à la rencontre des personnes prostituées transgenres du bois de Boulogne. Il y offre un lieu d’écoute autour d’un café. La Maison Magdalena invite celles qui en font la demande, à ré-apprendre à vivre dignement en ayant un projet de vie
« Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir »

Le « Padre » comme on l’appelle, se dit être un résilient par grâce. Son sourire, son authenticité, sa joie d’annoncer l’Amour gratuit de Dieu et de transmettre l’Espérance lui gardent un dynamisme certain et contagieux puisque de nombreux bénévoles l’ont rejoint, hommes et femmes, sur différents terrains, au Nom du Christ.
Tous nos cris d’hommes, l’angoisse face à la souffrance, la révolte devant l’absurdité du monde ou le silence de Dieu, tous ces cris d’hommes nous apprennent que même au plus noir de notre révolte, Dieu est présent et crie avec nous…
Après lecture de ce témoignage et après avoir écouté ce chant, je me dispose à la prière et je me laisse conduire par tout ce qui a pu faire écho en moi pour m’adresser au Seigneur :
Seigneur, je te rends grâce pour ton regard de tendresse posé sur chacun(e) de nous et pour les rencontres providentielles qui mènent à te connaître et qui peuvent changer nos vies.
Seigneur, accorde-moi la grâce de me présenter à toi dans ma vérité, sous ton regard aimant et miséricordieux.
Je te remercie pour ta patience et la possibilité de répondre à ton appel au-delà de la blessure secrète de mon cœur.
Dispose mon cœur à l’écoute fraternelle, accorde-moi d’offrir une présence en ton nom, sans rien attendre
Tu es venu me chercher.
Passé de l’ombre à ta lumière,
j’ai mis mon espoir en toi...